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Le   Spartathlon….

un rêve d’ultra !

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La course : 246km non-stop pour relier Athènes à Sparte. Dans les embouteillages athéniens, sous le Péloponnèse ensoleillé ou sur des routes surchauffées, quelques 240  « doux-dingues » de l’ultra se sont alignés au pied de l’Acropole, pour essayer une nouvelle fois d’aller jusqu’au bout de leur rêve. Un voyage au bout de l’effort.

Qu’est-ce qui pousse l’être humain à accepter autant de souffrances et de douleurs ? Qu’est-ce qui pousse le coureur d’ultra à repousser ses limites jusqu’au signal d’arrêt ? Trop tôt, parfois au grand désespoir de l’athlète. Arrêt physique, le corps jette l’éponge avant l’esprit. Plus d’accord de souffrir, la belle harmonie s’est envolée.

 

Ce n’est encore qu’un rêve.

Debout à 4h30 devant l’hôtel London, un dernier petit briefing avec ma femme et Christian Caumont, un ami qui est venu m’assister dans  « mon périple ». Puis nous nous retrouvons au pied de l’Acropole une demi-heure avant le départ. Là, la tension est montée d’un cran. Le départ est donné à 7h. Nous traversons la ville au lever du jour au moment où les Athéniens partent au travail. Quel embouteillage ! ! !

Voitures, camions, motos nous étouffent avec leurs échappements.

Nous longeons une six voies, les véhicules nous frôlent et ce durant 25km pour sortir d’Athènes. J’ai pris un rythme un peu trop rapide me semble  t-il, mais je suis avec un petit groupe de Français et bavardons ensemble.

Les kms passent et j’apprécie ce paysage sec, il fait très chaud, 38°. J’essaye encore de découvrir des odeurs, chèvrefeuilles en fleurs, bougainvilliers, odeurs de marées avec les petits marchands d’huîtres plates. La mer transparente est là juste derrière leurs étals. Odeurs aussi de gaz brûlés avec les raffineries que l’on frôle. Je rêve d’un petit bain mais il sera pour plus tard. J’écoute mon corps qui avance comme un métronome. La mécanique fonctionne, j’ai trouvé un compagnon de route, Auguste Lespinas avec lequel on se voit gravir la montagne de nuit et remonter l’ultime boulevard de Sparte le lendemain. Le soleil grimpe doucement vers son zénith. Encore plus de lumière pour éclairer l’exploit, la mer scintille. Pieds, chevilles, genoux, mollets et cuisses répètent l’effort. Machine de sang et de muscles en action, le cœur bat bien la cadence. Presque serein, foulée après foulée sur l’asphalte surchauffé le corps avance.

Puis soudain c’est la panne. Quelque chose s’est installé dans la belle harmonie que rien ne semblait pouvoir briser. Quelque chose que l’on n’arrive pas tout de suite à identifier. Une douleur vieille de quelques mois, vacherie ! ! ! Elle ne s’était pas manifestée depuis longtemps. Pourquoi me faire ça aujourd’hui ? Ou douleur nouvelle, inclassable, insupportable. On jette l’éponge ou on continu d’avancer, l’esprit ne s’évade plus. Sparte s’éloigne de plus en plus, mettre un pied devant l’autre devient de plus en plus difficile. Le rêve devient un vrai cauchemar.

Les mois de sacrifice défilent, les heures « volées » à sa famille pour accumuler des kilomètres. Non, ce n’est pas possible, pas si vite. J’ai envie que la magie se prolonge et d’être encore du voyage. Et il y a ce message qu’il faut porter à Sparte, Pheidippides y est arrivé lui… Tout ça pour finir sur le bord d’une route entre deux villages de nulle part.

Le compagnon de route essaye quelques vains mots d’encouragements puis s’éloigne, son rêve encore préservé. Malheureusement lui aussi abandonnera au 110ème km. L’émotion est à son comble, mon cœur déborde de larmes.

Ici les échecs font très mal, la sélection est rude, 82 arrivants sur 240 partants triés et sélectionnés. Dès le 40ème km de course j’ai commencé à souffrir de troubles digestifs ; ils n’ont cessé de s’aggraver au point de ne plus pouvoir avaler quoi que ce soit. J’ai très vite compris que je n’irai pas à Sparte et ce malgré les encouragements de ma femme et mes deux garçons Romain et Nicolas qui ont fait le déplacement pour m’encourager.

Au 80ème km, à Corinthe ma course s’est achevée non sans avoir lutté ; je me suis retrouvé hors course à une barrière horaire pour 3 petites secondes. A ce moment là tout s’est écroulé. Nous étions un quart des participants à avoir abandonné. J’ai une profonde pensée d’impuissance  pour ma famille, les sponsors et plus particulièrement à Monsieur Morandin directeur de carrefour, les amis, mon club et toutes les personnes qui ont cru en moi.

Je pense que dans toute défaite il y a du bon à prendre, je retiens la leçon et j’ai fait la promesse à mes fils de leurs ramener la médaille du Spartathlon fin septembre 2004. Pour relever le défi, j’ai repris l’entraînement en décembre 2003 avec une préparation marathon sur 3 mois pour augmenter ma vitesse d’endurance. Ensuite augmenter le nombre de km hebdomadaire. Le 13 mars j’ai fait les 100km d’Orléans où j’ai fini 3ème, ce qui m’a permis de compléter mon dossier d’inscription pour me sélectionner  à la Spartathlon 2004. Fin avril je prendrai le départ des 100km de Belvès pour essayer de faire un chrono de 8h30.

Ensuite premier essai grandeur nature fin mai en Grèce pour  faire la course olympienne. Un trail de 190km qui relie les deux stades antiques Néméa – Olympie, à parcourir en moins de 28h maximum en semi-autonomie, traversant tout le Péloponnèse. Nous serons une centaine de coureurs sélectionnés de part le monde.

Début juillet j’augmente les distances, je participerai à l’intégrale de Riquet en France. C’est une course de 240km non-stop reliant Toulouse à Sète, le long du canal du midi, en semi-autonomie à parcourir en 34h maximum. A cette période, je serai à 200km hebdomadaire d’entraînement.

 

Tout ces km pour assouvir ma passion qu’est l’ultra, et pour tenir la promesse que j’ai faite à mes fils. Pour finir l’année, je m’envolerai la première semaine de décembre au Mali. A la « Désert Cup », au pays Dogons. 190km non-stop en autosuffisance alimentaire totale sur les pistes et sentiers en latérite et dunes de sable, entre savane et montagnes. 

 

                                                                              Bernard